Voyageurs pour Cœur du Monde
Patrick et Hélène, Jean-Pierre, Philippe, Jean-Yves et Marianne.
Lundi 17 octobre
Les valises sont bouclées ! De bon matin, à 3h, Marietta passe faire le ramassage des voyageurs pour nous conduire à l’aéroport de Nantes.
C’est le départ pour notre périple d’un mois à Madagascar. 10h de vol qui nous amène presque sur une « autre planète ».
Mardi 18 octobre
ANTSOBOLO :
La carrière :
c’est parti pour notre premier jour de visite à Antsobolo où nous avons passé la nuit chez les Frères de St Gabriel. Nous longeons la carrière de pierres où travaillent des femmes…. Nous avions pourtant vu des photos aux assemblées Cœur du Monde, mais d’être face à ce qui s’y passe est tout autre : entendre le bruit des marteaux et voir les conditions de travail, dans cette poussière à longueur de jour, c’est tout simplement inimaginable ! Auparavant, ces femmes avaient leurs petits avec elles et c’est là qu’il y a quelques années, Cœur du Monde a œuvré pour sortir ces enfants de la carrière en construisant une garderie.
Visite de la garderie : nous y sommes accueillis par Sr Noëline et l’équipe encadrante. Les parents sont là aussi…Les petits sont un peu perturbés par toute cette agitation mais les enseignantes rassurent et très vite nous avons droit à une jolie comptine. Ces personnes font un travail extraordinaire pour l’apprentissage de la socialisation : apprendre à se séparer de maman, vivre avec les autres enfants, jouer, chanter, danser, se laver, manger tout seul.
Distribution du Repas : Les enfants les plus démunis, environ une soixantaine, sont regroupés sous un genre d’appentis en bois pour manger leur seul repas de la journée : une grosse assiette de riz avec un peu de légumes dessus. Nous participons à la distribution de ces repas. Les enfants attendent que tout le monde soit servi pour commencer… ils mangent avec appétit !
Visite de l’école maternelle : Cette classe des tout-petits est juste à côté de la garderie. La maîtresse confirme que la première rentrée est facilitée maintenant par ce travail préparatoire à la garderie : moins de pleurs, meilleures dispositions pour entrer dans les apprentissages…. Dans l’après-midi, nous retrouvons ces enfants dans leurs petits uniformes roses, ils sont assis dehors sur la cour et dessinent à la craie des ronds sur le sol. Ils sont 80 élèves sur cette cour…Lorsque la maîtresse demande d’aller ranger la craie, tout le monde obéit tranquillement et en silence. Stupéfaction ! Une discipline impressionnante…
Visite des classes primaires : Nous passons dans toutes les classes et sommes accueillis comme les « bienfaiteurs de Cœur Du Monde ». Les enfants parrainés sont regroupés pour la « photo de famille ». Frère Antoine, qui est maintenant le Directeur de l’école, nous présente sa jeune équipe qui s’occupe de l’intendance. Ces jeunes responsables font un bon travail pour repérer les familles qui ont le plus besoin. Il est constaté que des enfants font des malaises et c’est surtout le lundi. En discutant, nous voyons que c’est le jour qui fait suite au week-end et où il n’y a pas de distribution de collation le matin. Patrick, avec l’accord de tous, décide de financer cette collation du lundi. Sr Noëline et Frère Antoine vont suivre l’évolution de cette situation.
Trajet vers ANJOMAKELY
En fin d’après-midi, nous prenons la route vers Anjomakely. Après une journée intense en émotion, la fatigue se fait sentir…. Mais nous sommes « réveillés » par les petites filles de l’orphelinat qui nous accueillent chaleureusement avec leurs beaux sourires et leurs chants joyeux. Nous partageons le dîner avec Sr Elsy et son équipe.
C’est une soirée de fête !
Mercredi 19 octobre
Nous abordons notre 2è journée de visite. Nous allons visiter l’école Sainte Anne où là, 430 élèves sont sur la cour, joyeux de voir les « vasas ». Ils courent dans tous les sens pour suivre notre photographe Philippe !
Parmi tous ces enfants, un tout petit attire notre attention : son visage triste, ses yeux dans le vide, un enfant qui selon sa taille semble âgé de 3 ans… Nous parlons à la maîtresse des petits qui nous apprend que cet enfant a 6 ans !!!! Stupéfaction !
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Trajet vers ANTSIRABE
L’après-midi nous prenons la route vers Antsirabé (4h de trajet). Nous découvrons de superbes paysages : rizières en escalier. Nous voyons aussi beaucoup de gens dans les champs à travailler la terre avec seulement une pelle dans les mains !
En arrivant chez les jeunes filles (petites filles de l’orphelinat d’Anjomakely devenues grandes), nous sommes accueillis chaleureusement et vivons une superbe veillée. Nous partageons un excellent repas puis chacune parle de son parcours : plusieurs font des études dans l’enseignement, l’agronomie, l’hôtellerie ou la restauration…. Sr Elsy a, à cœur d’aider ces jeunes filles à se lancer dans la vie. Elles ont un logement indépendant, font leurs courses, leur cuisine. Durant cette soirée, beaucoup de rires, de joie autour de « papa Jean-Pierre ». Jean-Pierre est venu plusieurs fois faire des séjours à l’orphelinat et il a donné des cours de français à plusieurs d’entre elles. L’ambiance est belle, on chante « A la claire fontaine……Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai ». Les jeunes filles y mettent tout leur cœur. Que du bonheur !
Jeudi 20 octobre
Trajet vers VINANINONY
Dès le matin, nous prenons la route vers Vinaninony. Les jeunes filles profitent du véhicule pour rejoindre leur école. Joyeuse équipe, nous sommes 16 dans le véhicule « Chante rossignol chante, toi qui as le cœur gai…. Il y a longtemps que je t’aime, jamais je ne t’oublierai ». L’ambiance de la veille au soir est toujours dans les cœurs !
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Nous déposons les jeunes filles à l’école et puis… changement de musique : panne du véhicule ! On attend… on attend…. Nous croyons la panne réparée…. Quelques mètres puis loin, re-panne ! Cette fois-ci les symptômes sont un peu alarmants. Sr Elsy bondit du véhicule avec Dieudonné, notre guide, qui est bien embêté de la situation. Il faut prendre une décision… Notre véhicule doit être immobilisé pour être réparé.
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Après avoir tenté un autre moyen de transport sans succès (hi hi)
Nous prenons donc un taxi brousse, le numéro de taxi, ça ne s'invente pas !
Allons-y… après transfert des bagages, nous reprenons la route, nous sommes bien serrés les uns contre les autres. Par contre, Patrick, Hélène et Jean-Pierre qui connaissent cette route, découvrent un gros changement : elle a été améliorée et nous pouvons aller jusqu’à notre destination sans faire la grande randonnée de 3h30.
Après toutes ces péripéties, nous arrivons à l’orphelinat de Vinaninony. Beaucoup d’émotion se dégage dès notre descente du véhicule. Les retrouvailles avec « papa Jean-Pierre » (pour celles qui l’ont connu) sont là aussi très émouvantes.
Il était temps d’arriver car l’orage éclate… Nous partageons un dîner joyeux avec les sœurs et les prêtres avec un p’tit coup de rhum apporté par Sr Elsy ! On rigole !!! Un peu de sérieux tout de même avec un temps d’échanges et de partage sur l’identité de chacun. Nous nous remercions mutuellement de l’enrichissement de cette rencontre.
Vendredi 21 octobre
AMBOHIKAMBANA (village retiré de VINANINONY)
De bon matin, à la queue leu-leu, nous partons pour 1h30 de marche vers le village de Ambohikambana pour l’inauguration de l’école. En arrivant dans ce lieu très retiré (inaccessible en véhicule), l’accueil y est, comme partout, très chaleureux. C’est la fête au village et nous étions très attendus. Les enfants nous avaient vus arriver au loin…Les responsables de l’école, avec Sr Marie-Louise, nous ont préparé un petit goûter… nous entrons vite en relation ! Un gros cœur se dessine sur le tableau avec l’inscription « COEUR DU MONDE » écrit d’un côté en français et de l’autre, en malgache. Le ton est donné pour vivre le moment fort de l’inauguration.
Le ruban officiel est coupé par Patrick qui dévoile ensuite la plaque du nom de l’école « Ecole privée St Benoît financée par Cœur du Monde ». La messe est célébrée par le Père Rodolphe et animée joyeusement par de jeunes du village.
A la fin, ce sont les discours de remerciements dont celui de Patrick : « En 2019, vous nous avez tendu la main, nous vous avons tendu la nôtre…2 mains tendues forment un cœur ! C’est pour cela que nous sommes là. Tous les enfants du monde ont le droit d’aller à l’école… C’est la volonté de notre association de favoriser ce droit ! Nous n’attendons pas forcément de mercis, mais simplement que les enfants apprennent dans de bonnes conditions. Aujourd’hui, nous vivons un miracle, le miracle il est là, devant nous… Avez-vous eu un hélicoptère pour apporter tous les matériaux ??? Rires…. Quel bel exemple de courage et de volonté pour un avenir meilleur ! »
Ensuite, place aux enfants de l’école, qui mettent tout leur cœur à interpréter chants et danses avec leurs sourires radieux. On voit qu’ils veulent nous faire plaisir, c’est merveilleux !
Puis, les villageois, qui vivent dans une grande pauvreté sont heureux de nous offrir du peu qu’ils ont : un joli chapeau pour chacun, puis des denrées qu’ils produisent : pommes de terre, maïs, riz, poulet… Encore une très belle journée ! Elle se termine par la « photo de famille » avec enfants, villageois, membres de Cœur du Monde autour d’un grand cœur dessiné au sol.
En repartant du village, nous croisons des jeunes hommes qui montent avec des tables sur leur tête pour meubler les classes, certains en portent même 2 ! Sr Elsy nous presse car l’orage menace… et elle avait raison car nous avons juste eu le temps de rentrer… Elle connaît bien le climat de Vinaninony !
Samedi 22 octobre
Village de VINANINONY
Dès 9h le matin, grand rassemblement chez les sœurs. Tous les enfants de l’école, les enseignants et quelques personnalités de Vinaninony sont là pour l’inauguration du dispensaire qui jouxte la maison des sœurs et l’orphelinat.
Ensuite, nous partons tous vers l’école Ste Catherine pour inaugurer les nouvelles classes. Nous reprenons le rituel de la veille en coupant le ruban officiel et, Hélène découvre la plaque de ce nouveau bâtiment, baptisé St Joseph qui compte 8 classes supplémentaires. Le logo de Cœur du Monde est ensuite pointé par Patrick et une charmante petite fille.
Cette fois-ci, dans son discours Patrick remercie tous ceux qui se sont investis dans ce projet de construction. « Lorsque nous sommes venus la première fois ici, il y a 5 ans, c’était un navire, aujourd’hui c’est un paquebot.
C’est merveilleux ! C’est comme le premier chant que vous avez interprété tout à l’heure où malgré les tempêtes, malgré les vagues et le vent, le bateau continue d’avancer et il s’est transformé en un grand paquebot où de nombreux enfants apprennent à lire, à écrire, à compter et à s’instruire tout simplement ! »
Patrick remercie aussi chaleureusement les parents des élèves « C’est grâce à vous et à vos efforts que vos enfants peuvent aller à l’école. Si nous construisons des classes et qu’il n’y a pas d’élèves à l’intérieur, ça ne sert à rien ! Parlez-en autour de vous afin que toujours plus d’enfants puissent aller à l’école… Ce sera la plus belle des choses ! »
L’après-midi est très festif, c’est la grande « kermesse ». Toutes les classes ont préparé une chorégraphie, des plus petits jusqu’aux plus grands.
Nous n’avons pas vu la journée passer et…. Ce n’est pas fini ! En arrivant à la maison, les filles nous invitent dans leur grande salle où elles nous ont préparé des belles surprises : danses, chants… et nous prolongeons avec Jean-Pierre en chef de chœur ! Nous chantons en canon « Le coq est mort…il ne chantera plus cocodi cocoda ». C’est beau ! Nous sommes bien tous ensemble, les émotions sortent…nous n’avons pas envie de terminer la soirée.
Dimanche 23 octobre
Trajet vers FIANARANTSOA
Journée de 10h de trajet parsemé de trous et de bosses…La route, la seule qui traverse le pays du nord au sud, est très dégradée ! Nous sommes vraiment contents d’arriver chez les sœurs de Mormaison où de bonnes brochettes nous attendent !
Lundi 24 octobre
Dispensaire Notre Dame de Lourdes : Sr Charlène est responsable de ce dispensaire.
Nutrition : Nous sommes dans une zone de pauvreté extrême avec beaucoup d’enfants malnutris. Ce jour, les mamans arrivent avec leurs enfants pour la distribution d’un bol de bouillie enrichie composée de maïs, d’arachide, de lait et de sucre. 35 enfants y sont inscrits. Les enfants y sont pesés chaque mois et en fonction de la courbe de poids, la sœur établit leur besoin. La distribution a lieu 2 fois par semaine et la demande de Sr Charlène serait de passer à 3 fois. Les besoins sont importants, il faudrait doubler ou tripler le nombre d’enfants. Les symptômes d’un enfant malnutri sont : les pieds gonflés, les cheveux roux, ils sont tout petits. Nous considérons 2 formes de malnutrition : modérée ou sévère. Les mamans sont assises en extérieur sur des nattes, l’idéal serait que cette distribution ait lieu dans une grande salle.
Distribution de médicaments : Il manque de médicaments au dispensaire : des anti-douleurs, des antibiotiques, des vitamines etc…. C’est cher pour les familles, certaines ne peuvent pas payer. Cœur du Monde va aider pour l’achat de médicaments. Sr Charlène s’interroge sur la manière de pouvoir impliquer les jeunes mamans à participer à une activité en contrepartie de ce qu’elles reçoivent pour leurs enfants. Elles pourraient peut-être avoir une petite charrette pour vendre des choses à manger, ce qui génèrerait un peu de bénéfices. Le but serait de responsabiliser les mamans…. Projet à affiner !
Visite de l’école Primaire Sainte Victoire : Nous arrivons sous les applaudissements des 480 élèves bien en rangs sur la cour. Quel comité d’accueil ! Nous passons ensuite dans quelques classes où là nous sommes accueillis avec les sourires et les chants… sauf chez les tout petits, un peu craintifs devant les « vasas ». Superbe matinée !
Visite du collège Lucien Botovasoa : 273 élèves nous accueillent sur la cour. Sr Julia est la Directrice. Un groupe de choristes entonnent un très beau chant… C’est magnifique ! Dans la tête de Patrick, une idée fuse… Il leur demande s’il serait possible de créer un hymne pour Cœur du Monde que nous pourrions diffuser à nos différentes manifestations en France ! Ils veulent bien essayer… il suffit de leur donner quelques mots clés. Nous repasserons dans quelques jours…
Dans son discours Patrick précise que « le rêve s’est réalisé ». Le projet de Cœur du Monde était que les élèves du primaire puissent continuer leur scolarité au collège. Ce que nous souhaitons maintenant c’est que vous travailliez bien pour ensuite avoir un métier.
Réunion avec Sr Julia pour définir les besoins. Elle exprime le souhait d’améliorer la qualité d’accueil dans l’établissement pour avoir 100 élèves de plus. « Il nous faudrait des panneaux solaires pour développer l’informatique. Ce serait un atout supplémentaire pour attirer plus d’élèves ».
Sœur Julia remercie Cœur du Monde pour cette collaboration : « Nous nous sentons soutenues et sommes heureuses de cette fraternité. Cela nous donne la force pour continuer notre mission ». Patrick rajoute que « malgré cette pauvreté extrême, nous voyons des sourires. Merci à vous, les sœurs, d’être sur place à faire tout ce travail ».
Mardi 25 octobre
Nous quittons Fianarantsoa pour nous acheminer vers le sud et profitons de ce long trajet pour faire quelques visites touristiques de ce très beau pays. Les paysages font de plus en plus place aux rizières et nous découvrons aussi la couleur naturelle des roches rouges. Nous visitons la réserve d’Anja, c’est une petite aire protégée à Madagascar. Elle a été créée par une communauté villageoise qui la gère entièrement. Elle est tournée à la fois vers la conservation de la nature, le tourisme et le développement économique de la localité. Nous y avons découvert les plus célèbres lémuriens de Madagascar. Très belle visite !
Mercredi 26 octobre
TULEAR
Nous poursuivons notre descente vers Tuléar et faisons escale au parc national d’Isalo. Situé dans une région sèche sur un plateau continental, ce parc offre de beaux paysages incontournables. Nous y avons vu beaucoup de végétations et même des piscines naturelles pour se rafraîchir…
Jeudi 27 octobre
ANDROKA
Nous quittons Tuléar dès 5h du matin pour rejoindre Androka. Nous avons le sentiment de traverser le désert de Madagascar en 4X4 et sur des pistes ensablées… plus de 10 heures de trajet ! A notre arrivée, les jolis sourires des sœurs et des enfants pensionnaires nous attendent. Un accueil merveilleux… Les sœurs ont mis « les p’tits plats dans les grands » pour nous recevoir !
Vendredi 28 octobre
Au réveil, le soleil est de plomb et nous découvrons l’extrême pauvreté de ce lieu retiré mais aussi le travail extraordinaire de la communauté des religieuses.
Visite de l’école Notre Dame de la Paix Nous arrivons dans cette école et très vite nous découvrons qu’elle n’est pas seulement un lieu d’apprentissages scolaires mais aussi un lieu de survie. Dès 9h30, un repas est servi aux enfants, le seul de la journée…Pourquoi à cette heure-là ? La sœur explique : « C’est pour permettre aux enfants de se concentrer pour apprendre, sinon ils dorment sur leur table ». Sr Joséphine, Directrice de cette école nous dit que lorsque l’Etat a cessé d’aider pour cette nutrition, pendant 3 ans les enfants n’avaient rien à manger…. Ils étaient très faibles ! A l’extérieur, leur nourriture pour survivre était les cactus rouges et pour les plus chanceux, un peu de patates douces.
Cœur du Monde a commencé à aider en 2020 et la distribution des repas a pu se remettre en place. Le repas est préparé pour 430 élèves, par des parents à tour de rôle. Le riz qu’ils mangent est importé de Chine, du bas de gamme (riz cassé) et les chinois achètent le bon riz qu’ils produisent. Le sac de 50kg coûte 120 000 Ariary (30 euros)
et il en faut 1 par jour. Le repas est composé de riz avec un peu de pois cassé et un tout petit morceau de viande 2 fois par an. Les enfants le gardent pour la fin…. pour le déguster ! Nous voyons quelques enfants, à la fin de la distribution des repas, se mettre à la queue leu-leu pour avoir un peu « du fond de la marmite ».
Au fur et à mesure qu’ils terminent, chacun va laver son assiette, même les tout-petits. Une discipline incroyable ! L’eau est puisée dans le puits qui se trouve sur la cour de l’école, par les élèves. Ici, on ne parle pas des normes de sécurité !!!!
Visite du dispensaire La Sr infirmière fait chaque jour des consultations d’enfants malades et diagnostiquent ceux qui sont malnutris. Elles ont un stock de médicaments qu’elles vont chercher à Tuléar. A Androka, il y a beaucoup de tuberculoses (150 personnes au moment où nous y sommes), le traitement dure 6 mois.
Dans ce village loin de tout, il n’y a vraiment rien. La région a subi les effets des cyclones, de la pandémie de COVID, de la famine. Sr Isabelle (infirmière) nous dit qu’il y a toujours plus de naissances chaque année…. Des petites filles ont parfois leur premier enfant à 12 ou 13 ans… avec des hommes qui pourraient être leurs grands-pères ! Certaines meurent en accouchant, c’est alors leurs mamans qui allaitent les petits…elles ont du lait !!! Quelle grande misère ! Nous sommes face à face avec la misère extrême !
Les sœurs font un travail remarquable, elles sont courageuses car leur mission est vraiment difficile. Elles ne se plaignent pas et sont même rayonnantes ! Lorsqu’elles vont à Tuléar, la ville la plus proche, elles sont 24h en taxi-brousse pour l’aller et autant pour le retour. Dans le véhicule « archi-bondé » elles mettent leurs provisions sous leurs pieds, sur les genoux…. C’est une vie qu’on ne peut même pas imaginer !
Grande fête de l’école L’après-midi est très festif ! L’équipe enseignante a vraiment déployé beaucoup d’énergie pour préparer une grande fête afin de remercier les bienfaiteurs de Cœur du Monde. Tout le monde y a mis tout son cœur, nous le percevons au fil de l’après-midi : les danses, les musiques, les couleurs, les rires, les sourires… Nous sommes nombreux, les parents aussi sont là ! C’est même émouvant de voir tout cela pour nous… Ils n’ont rien, mais pendant ces quelques heures, ils nous partagent leur joie, des remerciements qui nous confortent dans l’idée que nous devons continuer nos actions….
Patrick, dans son discours, les encourage à continuer l’aventure de l’éducation ! Sr Joséphine dans sa prise de parole nous annonce que les résultats scolaires 2021-2022 sont excellents. Les effectifs de l’année ont beaucoup augmenté grâce à l’aide financière de Cœur du Monde.
Le final de la fête est fantastique, les enseignants ont, eux aussi, préparé une chorégraphie pour exprimer leur joie et leurs remerciements. Patrick dessine un gros cœur au sol, les enfants comprennent vite et le cœur prend VIE : d’abord avec les enfants, puis les enseignants, les parents, les amis de Cœur du Monde et nous terminons en dansant tous ensemble. Un beau moment de fraternité ! Sr Joséphine nous confie que c’est la première fois qu’ils font une aussi grande fête. Grand moment inoubliable de notre séjour….
Samedi 29 octobre
Gros orage du matin ! Il n’y avait pas eu de pluie depuis le mois de février. Une partie de notre groupe était partie pour une randonnée de 10 kms jusqu’à la plage…. A mi-chemin, douche froide et demi-tour au village !
Visite du village Immersion dans le village où là nous voyons la grande pauvreté…les gens n’ont vraiment rien et vivent dans la poussière, dans des cabanes en bois. Au sol, ils fabriquent des « tapis » avec des sacs de ciment récupérés qu’ils cousent ensemble. Les rues sont délimitées par des cactus. Nous croisons des petits qui ont ramassé le « fruit rouge » des cactus pour se nourrir…. Ce sont les mêmes enfants que nous avons vus la veille à l’école mais l’uniforme masque bien la misère !
Nous visitons toutefois, au milieu de ce village, un jardin tenu par des membres d’une famille qui ont un contrat avec le PAM (Programme Alimentaire Mondial), une ONG (Organisation Non Gouvernementale) et bénéficie de l’eau gratuitement.
Un peu plus loin, nous voyons « l’hôpital public » et nous sommes horrifiés ! L’image est stupéfiante…Les malades sont au sol dans un état d’insalubrité indescriptible ! La sœur nous dit même que ça ressemble plus à un « abattoir désaffecté »
Au retour de cette visite, des questions sont échangées avec les sœurs. Que peut-on entreprendre devant un tel désastre ? Aider à financer un puits ? Comment les aider à se développer sans tomber dans le « tout donner » et qu’ils soient dans le « tout-attendre » ? En échangeant, nous pensons que c’est par l’éducation et la santé, que les mentalités peuvent évoluer. Il nous faut continuer dans ce sens !
Dimanche 30 octobre
En sortant de chez les sœurs, une vieille dame est là… recouverte de morceaux de tissu…on ne peut pas parler de vêtements ! Elle est là pour mendier… elle a faim…. Ses ongles sont rougis car elle a décortiqué les fruits des cactus. Ce sont des faits réels, très durs à regarder en face !
Nous échangeons à nouveau avec Sr Joséphine et le Prêtre du village et nous émettons l’idée de lancer un projet de jardin autour du presbytère. Il y a du terrain… un puits pas très loin… L’idée va faire son chemin…
Androka, village désertique ! Nous devons soutenir les sœurs qui font un beau travail. Elles sont heureuses que nous soyons venus jusqu’à elles et nous remercient chaleureusement en partageant le gros gâteau dominical et la chorégraphie qui va avec ! Ici ou là, c’est bon de sentir du soutien !
Lundi 31 octobre
Trajet vers TULEAR
Nous reprenons la piste pour remonter vers Tuléar. Journée remplie de péripéties. 15h de 4x4… parcours parsemé d’embûches : on commence avec le moteur qui chauffe, il faut lui mettre de l’eau tous les quarts d’heures… Ensuite, c’est la courroie qui casse et puis l’orage qui déverse des quantités de pluie impressionnantes. Sur la piste, nous traversons des cuvettes remplies d’eau. Quel périple… Bravo à notre chauffeur car c’est un trajet très difficile !
Mardi 1er Novembre
Rencontre avec Sr Marguerite et Sr Marie-Jeannette Ces deux religieuses sont de la même congrégation que Sr Joséphine que nous avons vue à Androka. Elles soutiennent les missions de ce lieu retiré et ont bien conscience des difficultés. Nous échangeons sur leurs différents besoins : construction de classes pour le secondaire, agrandissement du dispensaire pour un meilleur suivi des malades, apporter des aides supplémentaires pour la nutrition etc….
Patrick remercie les Sœurs pour la confiance qu’elles accordent à Cœur du Monde et pour la qualité de la collaboration.
Mercredi 2 Novembre
Trajet vers FIANARANTSOA
Nous reprenons la route pour remonter vers Fianarantsoa… elle est, bien évidemment, aussi longue qu’à l’aller !!!! Nous roulons toute la grande journée !
Jeudi 3 Novembre
Notre premier rayon de soleil de la journée, nous le trouvons à l’école de Fianarantsoa où nous avons rendez-vous avec les enseignants et le petit groupe de choristes qui, il y a une semaine, nous avait promis la réalisation d’un hymne pour Cœur Du Monde. Ce sont pourtant les vacances scolaires mais enseignants et enfants sont là pour nous faire découvrir leur création : c’est magnifique ! « A Tous les enfants et les pays du Monde, on va lutter et bâtir un monde meilleur ». C’est un hymne prometteur, qui va enchanter nos rencontres Cœur Du Monde et lorsque nous le chanterons, nos deux mondes seront très proches malgré la distance ! Cet hymne est aussi un encouragement à continuer nos actions pour contribuer au développement.
Trajet vers ANTSIRABE
Madagascar est un beau pays ! En remontant vers Antsirabe, les paysages sont magnifiques, les rizières ont verdi en comparant avec le trajet aller. Par contre, la route est pitoyable, des trous…des trous….et encore des trous ! Nous croisons beaucoup de gens sur la route : des hommes qui poussent des chariots surchargés, c’est si lourd que pour décupler leurs forces ils poussent avec leur tête. Des femmes reviennent des champs ou du marché avec leur panier sur la tête et font des kilomètres à pied ! Nous croisons aussi des enfants sur le bord de la route… des enfants affamés qui crient leur faim sur notre passage…. Nous leur donnons des gâteaux ou des bonbons, ils sont contents ! Ce midi en s’arrêtant déjeuner, nous avons commencé par partager notre portion de riz….
Des enfants sont dehors avec des petits sachets plastiques… impossible de s’en mettre plein le ventre devant une telle misère !
Nous arrivons à Antsirabe sous la pluie, il y a eu un gros orage l’après-midi, les rues sont inondées, les gens pataugent dans la boue…les eaux ne s’écoulent pas… où vont-ils se mettre à l’abri ???
En arrivant chez les sœurs, nous retrouvons de beaux rayons de soleil dans les sourires des jeunes filles. Ça fait du bien après toutes ces situations croisées dans la journée !
Vendredi 4 novembre
Petit déjeuner riche en échanges ce matin, nous discutons de la vie de Madagascar, des réalités du pays… des abus des pays riches qui profitent des pauvres : les chinois qui viennent inciser les arbres pour récupérer la résine, le tourisme sexuel… c’est honteux et pourtant bien réel !
Artisanat local. Nous visitons des ateliers d’artisanat qui font vivre la région. Tout d’abord, nous entrons dans un atelier de fabrication d’objets miniatures réalisés avec de la récupération : des vélos, des voitures, des taxis brousses etc... Nous visitons également un atelier de broderie où des femmes réalisent de jolis motifs représentant des scènes de vie malgaches. C’est magnifique ! Nous assistons également à une démonstration d’utilisation de cornes de Zébu… beaucoup d’objets sont créés à partir de ce matériau. : colliers, boucles d’oreilles, petits bols, couverts à salade etc…. d’autres réalisations sont élaborées avec des pierres précieuses ramassées dans le pays. Ici, rien ne se perd, les Malgaches savent utiliser les matériaux qu’ils ont pour fabriquer de très beaux objets qu’ils vendent en boutique ou sur les marchés.
Nous visitons aussi un atelier de fabrication de marmites en aluminium, les conditions de travail y sont difficiles, tout est artisanal, l’alu est chauffé à 800°, les gars sont pieds nus, sans aucune protection !
Samedi 5 Novembre
ANJOMAKELY Vie à l’orphelinat Nous voilà arrivés depuis hier soir à Anjomakely pour plusieurs jours… Journée sans voiture…Ouf ! Nous prenons le temps de découvrir ce lieu qui « grouille » d’une vie pétillante ! 60 petites filles, âgées de 4 à 23 ans y sont accueillies par Sr Elsy et Sr Angéline. Aujourd’hui c’est samedi, jour de lessive…les filles lavent leur linge et l’étendent sur les buissons ou les hautes herbes dans le jardin. Nous visitons ensuite leur immense jardin où là aussi les filles, des plus petites jusqu’aux grandes, sont au travail : elles apportent le fumier dans des sacs et le déversent dans les trous fait par l’ouvrier, avant d’y semer les graines. Personne n’est à rien faire et l’ambiance est tonique, les sourires sont là ! Les filles participent à toutes les tâches de la maison : c’est une véritable école de la Vie.
Angéline explique que lorsque les jeunes filles obtiennent leur BAC, elles doivent rester une année pour aider au fonctionnement du Centre. C’est une forme de reconnaissance de ce qu’elles ont reçu et ensuite, elles poursuivent leurs études à l’université si elles le souhaitent. Dans ce lieu, les plus grandes aident les plus petites. Elles sont scolarisées à l’école tout près de l’orphelinat et rentrent déjeuner le midi… d’où la nécessité d’avoir un grand jardin ! 60 bouches à nourrir matin, midi et soir…. Cela représente de nombreux kilos de riz ! Elles ont aussi une petite ferme avec des cochons, des vaches, des lapins, des poules… Elles vivent pratiquement de leurs produits.
Ce midi, nous déjeunons avec les enfants. Elles sont assises par terre. Le menu : riz et courgettes au jus. Pas de dessert… Une équipe responsable s’occupe du service : un premier tour, un deuxième puis un troisième ! Nous sommes surpris de la quantité de riz que mangent les petites ! C’est énorme… C’est l’aliment de base et il n’est pas servi avec du beurre ou de la crème… En fin de repas, nous avons droit à deux ou trois chants rythmés… c’est la « cerise sur le gâteau » !
Dimanche 6 Novembre
Journée à TANANARIVE
Messe du Père PEDRO : Ce matin, nous rejoignons Tananarive pour participer à la messe du Père Pedro. En arrivant sur ce lieu, nous apprenons qu’il est parti sur l’île de la Réunion mais ce rendez-vous dominical est bien maintenu, les gens arrivent à flot par le chemin pentu qui mène à la grande salle… 10 000 personnes s’y installent, c’est un rassemblement impressionnant et c’est ainsi tous les dimanches ! C’est grandiose… joyeux et coloré ! Nous découvrons au travers de ce temps fort, la grande œuvre du Père Pedro à AKAMASOA, ce quartier qu’il a entièrement créé. Il y a 30 ans, il a sorti les gens qui « vivaient » dans une gigantesque décharge d’ordures ! Depuis, avec l’aide d’associations qui œuvrent partout dans le monde dont une en Vendée, aux Herbiers, il a construit des maisons, des écoles, une université pour amener cette population vers un avenir meilleur. Chaque jour, il permet à 10 000 élèves de manger au moins un repas dans la journée ! Nous rencontrons à la sortie de la messe, des jeunes filles qui poursuivent des études, l’une dans le droit, l’autre en médecine etc… Nous pouvons espérer qu’avec ces jeunes générations, des évolutions vont arriver dans le pays ! L’éducation est vraiment la base pour un avenir meilleur ! Patrick et Hélène qui étaient déjà venus à ce rassemblement il y a plusieurs années, voient une évolution dans la dignité des personnes : les gens sont mieux habillés, ils ont des chaussures aux pieds… Ce sont des signes d’espoir !
Déjeuner chez les Sœurs Franciscaines pendant lequel nous avons de riches échanges. Sr Noéline nous parle des démarches qu’elle fait auprès des familles, elle fait du « porte à porte » pour convaincre les familles de scolariser les enfants. C’est difficile… seulement 10% à 20% des enfants vont à l’école. Si nos calculs sont bons, ça fait 80% d’enfants illettrés. C’est vraiment insuffisant ! Un enfant de 10 ans qui n’a pas commencé sa scolarité, c’est très compliqué de l’intégrer. Sr Noéline nous parle d’un fait réel : « nous avons sorti un enfant qui vivait dans un tunnel et avons tout fait pour le scolariser… il est resté quelques jours…. Puis absences… il était retourné dans le tunnel ! »
Après avoir visité les hauts lieux de Tananarive avec notre guide Dieudonné, nous rentrons à l’orphelinat où là, les petites filles nous attendent pour présenter des danses, elles veulent remercier l’association Cœur Du Monde ! C’est un véritable enchantement de finir la journée sur cette note !
Lundi 7 Novembre
Orphelinat ANJOMAKELY
Très tôt le matin, notre groupe se divise, Patrick et Philippe prennent la route pour Tamatave. Pour ceux qui restent, Hélène, Jean-Pierre, Jean-Yves et Marianne, c’est une journée au rythme de la vie de l’orphelinat. Les petites partent à l’école et nous, nous partons à pied vers le village de Anjomakely. Nous croisons beaucoup de visages et percevons aussi ce qui fait leur vie au quotidien. Les gens n’ont que le souci de se nourrir le jour même…
En fin d’après-midi, nous faisons la surprise aux petites filles, d’aller les chercher à l’école…la joie se lit sur les visages en nous voyant ! Nous revenons main dans la main, en chantant… Fin d’après-midi sur la cour du Centre, elles nous amènent voir les cochons qui ont eu des petits, les vaches, les lapins. Nous partageons un moment de vie tout simple mais ô combien chaleureux ! Ces petites recherchent notre affection, elles sont si nombreuses que ce n’est pas facile pour les adultes qui les accompagnent d’être présents pour chacune d’elles.
Mardi 8 Novembre
A 7h30, les filles sont prêtes pour l’école, nous sommes heureux d’aller les conduire. Nous manquons de mains pour les accompagner… Elles gambadent sur le chemin comme des petites gazelles…
Il est tôt… il fait beau… nous partons ensuite faire une rando assez pentue pour découvrir de jolis paysages : des jardins magnifiques, des petits villages reculés…
L’après-midi, c’est cours de Français donné par Jean-Pierre aux jeunes filles… Notre langue est complexe et ces jeunes n’ont pas beaucoup l’occasion de la parler. C’est pourtant nécessaire pour leur permettre une ouverture sur des perspectives nouvelles.
Nous venons de vivre un voyage exceptionnel, c’est un beau pays mais la pauvreté est vraiment difficile à regarder en face. C’est dur … très dur… Nous y avons rencontré de belles personnes qui déploient beaucoup d’énergie et d’Amour pour aider ce peuple en détresse. Nous avons croisé aussi beaucoup de visages tristes, accablés par la misère, des enfants sans sourire… qui ont faim et soif ! On ne revient pas de ce voyage sans se poser une multitude de questions. Pourquoi tant de différences sur cette planète ? Au retour, dans l’avion, des images reviennent en boucle… par le hublot je regarde les nuages « Ce ciel que nous sillonnons est le même pour tous mais ce qui se passe au-dessous est vraiment inégal ! »
Les actions de Cœur du Monde sont vraiment utiles, le nombre d’enfants scolarisés ne cesse d’augmenter grâce à l’aide des parrainages et des dons. L’éducation, la nutrition et la santé sont les pôles principaux à soutenir. Nous devons absolument continuer à agir pour aider ces populations à évoluer pour vivre mieux. Beaucoup d’autres associations agissent comme Cœur du Monde alors, en unissant toutes « ces petites gouttes d’eau » nous apportons un peu d’espoir à ce pays.
Marianne